Le Crédit Mutuel avale Citibank: l'Allemagne a-t-elle besoin d'une banque coopérative supplémentaire ?

En ligne avec les célébrations du 14 juillet, Fête Nationale française, Etienne Pfimlin, fils d’un ministre de Charles de Gaulle, a annoncé le rachat de Citibank et déclare l’Allemagne comme étant une seconde patrie pour son groupe : vu de Strasbourg l’Allemagne est toute proche, on veut se renforcer dans le crédit à la consommation et se refinancer à bas prix.

Que peuvent attendre les consommateurs allemands du deuxième groupe bancaire français, qui a plus de 13,3 millions de clients privés en France? Un verre de vin blanc et un morceau de munster lors de la conclusion d’un crédit avec la « banque à qui parler » ?

Le Crédit Mutuel, fondé en 1882 à Watzenau près de Strasbourg, est une banque qui sait calculer au plus juste, et qui « a jeté par-dessus bord l’idéal de son père spirituel Friedrich Wilhelm Raiffeisen », selon l’Association Officielle des Victimes du Crédit Mutuel. Selon les statuts des Caisses de Crédit Mutuel approuvés par la Confédération Nationale du Crédit Mutuel article 3C "La Caisse s’interdit tout but lucratif et ne poursuit la recherche d’aucun profit, ni bénéfice. Dans la mesure où ils ne sont pas ristournés, les excédents de gestion réalisés sont affectés à la constitution de fonds sociaux indivisibles qui ne peuvent être répartis entre les sociétaires ni au cours de l’existence de la Caisse, ni en cas de dissolution". En 2007 les profits du Crédit Mutuel atteignent 2,7 Mrd €. L’esprit des statuts stipule que les activités doivent locales et solidaires. En 1998 le crédit Mutuel rachète la banque CIC et devient active de fait dans le monde entier. Après une spéculation ratée de la CIC sur les marchés des capitaux, la rébellion gronde à la base et finalement les activités de marchés sont réduites à une peau de chagrin. Ce qui permettra au groupe d’éviter d’autres déboires liés à la crise actuelle des subprimes. Les pertes du groupe liées au subprime sont ridicules, de l’ordre de 300 Moi. €. Mais ce sont toujours 300 Mio. € de trop selon de nombreux sociétaires. Malgré tout Pflimlin continue sa stratégie d’expansion et s’invite dans les galeries Lafayette et rachète tout dernièrement le groupe lourdement endetté de l’Est Républicain.

En ce qui concerne l’Allemagne, il a existé ce qu’on pourrait appeler un pacte de non agression entres le Crédit Mutuel et les banques coopératives allemandes (Volks-und Raiffeisenbanken). Mais cela n’empêche guère les Strasbourgeois d’aller braconner outre Rhin avec des produits attractifs comme le financement immobilier, au grand désarroi de leurs collègues de l’autre côté de la frontière. Ces taux attractifs sont le résultat entre autres des avantages liés au Livret Bleu. Ce privilège a été attaqué plusieurs fois par Bruxelles et ce n’est qu’une question de temps jusqu’à qu’il disparaisse. Alors le Crédit Mutuel sera presque une banque comme les autres.

Le coup de maître du Crédit Mutuel aurait pu être de faire revivre au niveau européen l’idéal de Raiffeisen, de fusionner avec les « frères » allemands et d’utiliser cette force motrice ensemble dans les pays émergents d’Europe. Et surtout il ne faut pas oublier que le succès actuel repose sur les principes fondateurs prêchés par Raiffeisen : une responsabilité illimité des sociétaires, la solidarité, les activités locales, le bénévolat des administrateurs. Est-ce que le père d’Etienne Pfimlin, grand Européen et initiateur de la réconciliation franco-allemande, n’aurait-il pas été enthousiasmé par un tel projet ?


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